L’altiplano argentin

Montagnes colorées - Purmamarca (Argentine)
Montagnes colorées
Purmamarca – Argentine

[Salta] [El Tren a las nubes] [Destination Bolivie]

Salta

Forêt de cactus - Cachi (Argentine)
Forêt de cactus
Cachi – Argentine

J’atteignais Salta au coeur de l’altiplano argentin (nord-ouest du pays). Je prenais mon temps pour découvrir Cafayate, Cachi, quebrada de Humahuaca et Quilmès.
Cette région n’a rien à avoir avec l’image traditionnelle de l’Argentine: des montagnes de toutes les couleurs (rouge, jaune, rose, bleue, verte, …), des petits villages aux maisons en briques de terre (auquel est accolé le four traditionnel), des cactus a l’infini, des piments qui sèchent au soleil, des lamas et des guanacos, une population plus indienne que d’origine européenne, le choléra y sévit parfois, …

El Tren a las nubes

El Tren a las nubes (Argentine)
El Tren a las nubes – Argentine

Le clou de ce séjour fut le Tren a las Nubes (le train des nuages): non pas la version touristique (95$ pour une journée) mais la version locale en train de marchandises (30$ pour 3 jours et 2 nuits) qui dispose d’un unique wagon voyageurs. Ce train part de Salta pour parcourir plusieurs centaines de kilomètres jusqu’à la frontière chilienne à travers de superbes paysages. On longe des montagnes colorées, on traverse des déserts et des lacs salés. On monte jusqu’à 4900m d’altitude avec de nombreux viaducs, boucles et zigzags. Pour éviter le mal d’altitude, le meilleur remède est de chiquer les feuilles de coca. Les locaux en raffolent jusqu’à s’en dilater la joue, et à cracher vert.

El Tren a las nubes (Argentine)
El Tren a las nubes – Argentine

C’était un train de fous:
– d’abord, les touristes prêts à affronter 2 fraîches nuits sur des sièges rudimentaires, compressés au milieu des bagages et des locaux
– les locaux qui viennent vivre au milieu de ces déserts.
– les employés du train qui ont abusé de l’alcool au retour, et qui se sont mis a chanter de vive voix dans le wagon. Ambiance, ambiance…
Il ne faut pas les blâmer, ils ont tout de même réussi à « réparer » (?) les freins du wagon voyageurs qui ont lâché au retour.
Enfin, tout le monde a terminé le voyage les yeux rougis par l’altitude et le manque de sommeil.

Destination Bolivie

Altiplano depuis le ciel (Bolivie)
Altiplano depuis le ciel – Bolivie

Après, mon parcours se complique un peu. J’étais à 150km de la Bolivie, mais il m’a fallu descendre au sud jusqu’à Mendoza (soit plus de 1000 km). En fait, la situation était tendue en Bolivie. Les professeurs et les médecins étaient en grève. Pour protester contre la destruction des cultures de coca, les paysans avaient bloqué les routes pendant plusieurs jours. Donc, pour ne pas rater le rendez-vous avec mon amie Mayumi, j’ai préféré m’y rendre en avion.
De Mendoza, une visite aux caves suivi d’une dégustation (le rouge pas super, le blanc un peu mieux), une révérence à l’Aconcagua (sommet des Andes et de l’Amérique), une nuit à Santiago et j’étais dans l’avion pour La Paz: plus de 1500km à longer la cordillère des Andes, et à survoler l’altiplano.

 

      Suite du voyage et du récit: Premier séjour dans le monde inca

Rio de la Plata et Iguazú

Rio de la Plata - Colonia del Sacramento (Uruguay)
Rio de la Plata
Colonia del Sacramento – Uruguay

[Rio de la Plata: Buenos Aires & Montevideo] [Les chutes d’Iguazú] [Les missions jésuites]

Rio de la Plata: Buenos Aires & Montevideo

Colonia del Sacramento (Uruguay)
Colonia del Sacramento – Uruguay

J’arrivais à la capitale Buenos Aires où, dans un sens, cela fait toujours plaisir de revenir à la civilisation et à la ville. J’en profitais pour voir du tango, découvrir le quartier de La Boca, et assister à un match de foot de La Boca Junior. Buenos Aires se situe à l’embouchure du fleuve Rio de la Plata (riche en sédiments des zones tropicales). L’Uruguay est sur l’autre rive et à 4 heures de bateau.
Finalement, la ville coloniale Colonia del Sacramento et Montevideo se révélèrent d’un intérêt assez limité. J’étais en route pour la région de Misiones.

Les chutes d’Iguazú

Chutes d'Iguazú (Argentine)
Chutes d’Iguazú – Argentine

Du fait des pluies abondantes, une partie des terres était submergée et donc seule une partie des chutes d’Iguazú pouvaient être visitées. Mais, le débit était encore plus impressionnant et cela rendait le site encore plus grandiose. Le cadre était très enchanteur: les chutes sont au milieu de la jungle et d’une riche faune (singes capucins, toucans, coatis, …). Ce fut aussi une brève incursion au Brésil pour ces chutes et pour le plus grand barrage du monde (Itaipu).

Les missions jésuites

Mission jésuite - San Ignacio Mini (Argentine)
Mission jésuite
San Ignacio Mini – Argentine

Je me rendais aux mines de Wanda d’où sont extraits des pierres semi-précieuses et des cristaux géants. Ensuite, je visitais les ruines des anciennes missions jésuites situées en Argentine et au Paraguay: San Ignacio Mini, Santa Ana et Trinidad. Ces sites témoignaient de la grandeur des jésuites dont l’expansion et la puissance furent stoppées par le pape au XVIIIème siècle. Les jésuites avaient une vision humaine des indiens et ils avaient tenté de les protéger de l’esclavage en les rassemblant dans des missions.

 

      Suite du voyage et du récit: L’altiplano argentin

Le nord de la Patagonie

Cratère du volcan Villarica (Chili)
Cratère
volcan Villarica – Chili

[Villarica] [Le parc national Huerquehue] [San Carlos de Bariloche]

Villarica

Volcan Villarica (Chili)
Volcan Villarica – Chili

Après quelques jours à Santiago, je redescendais au sud pour passer une dizaine de jours dans la région des volcans au Chili.
Je commençais par le parc national de Villarica avec un trekking pour longer 3 volcans. Après avoir quitté des termes, je m’engageais dans une végétation dense avec de nombreux pins quasi-préhistoriques, les araucarias, comme recouverts d’écailles. Avec l’altitude, le paysage se découvrait pour laisser place à un sol typiquement volcanique et dénué de vie. Les repères étaient rares et l’orientation n’était pas toujours aisée.
J’eus une vraie frayeur (même peur) où sous la tente, je subissais une nuit d’orage. La foudre est tombée toute la nuit. Elle a frappé à quelques dizaines de mètres. Le bruit et l’intensité de la lumière furent très impressionnants. Le lendemain, cette frayeur me donna des ailes, malgré la pluie, les grêlons, et toujours les éclairs devant moi, j’ai terminé ce trekking à toute vitesse pour débarquer en zone internationale entre le Chili et l’Argentine. Les douaniers étaient dubitatifs de voir arriver un étranger de nulle part !

Le parc national Huerquehue

Colibri - Parc Huerquehue (Chili)
Colibri
Parc Huerquehue (Chili)

La météo étant peu clémente pour monter au sommet du volcan Villarica, j’enchaînais par le parc national de Huerquehue. Après deux jours de marche, j’arrivais à de très agréables sources thermales en pleine nature. Les oiseaux à observer étaient nombreux : colibris, pics-verts, aigles, …
Pour finaliser ce séjour, je grimpais le volcan Villarica. Il est actif et même s’il n’était pas possible de voir la lave, la vision du cratère sans fond et crachant gaz, poussières et fumée était très saisissante.

San Carlos de Bariloche

Empreinte fossilisée de dinosaure - El Chocon (Argentine)
Empreinte fossilisée de dinosaure
El Chocon – Argentine

Ensuite, je passais en Argentine à Bariloche pour faire quelques randonnées autour du mont Tronador et du Cerro Catedral, et voir des condors.
Je terminais mon séjour patagonien en allant à El Chocon. On y a trouvé le fossile du plus grand dinosaure carnivore connu. On me proposa de prendre dans mes mains une dent de ce monstre et des oeufs d’une autre espèce. Ce fut peine perdue d’essayer de soulever le fémur (1.43m de long).
Mais ,ce fut surtout l’occasion de voir en pleine nature des empreintes de pattes de dinosaures. Je trouvais un guide qui m’emmena sur un site inexploité où à la surface du sol émergeaient des fossiles d’os de dinosaures et d’arbres.

 

      Suite du voyage et du récit: Rio de la Plata et Iguazú

L’île de Pâques

Moai - Rano Raraku (île de Pâques)
Moai
Rano Raraku – île de Pâques

[L’île] [Les moai] [La carrière: Rano Raraku] [La culture de l’île]

L’île

Vue sur l'île depuis le volcan Poike (île de Pâques)
Vue sur l’île
volcan Poike – île de Pâques

J’arrivais le 1er février pour y rester 11 jours. Tout comme l’Antarctique, je rêvais depuis très longtemps d’aller sur cette île. Je ne fus pas déçu. Malgré une météo peu clémente, le séjour fut mythique et merveilleux, et je n’ai pas vu le temps passer.
Au début, je campais dans l’unique village de l’île: Hanga Roa. L’île est assez petite: elle fait au maximum 25km de largeur ! Elle a une forme triangulaire avec à chaque angle un volcan. Le sol est aride et sec, et il n’y a quasiment aucun arbre. Les seules sources d’eau sont les lacs au fond des cratères des volcans aujourd’hui éteints. Malgré l’absence de transport en commun, il est assez aisé de se rendre sur les sites répartis sur toute l’île. La marche à pied ou le VTT sont les moyens idéaux pour saisir l’atmosphère de l’île. Paradoxalement, l’auto-stop y est facile !

Les moai

Moai avec ses yeux - Ahu Ko Te Riku (île de Pâques)
Moai avec ses yeux
Ahu Ko Te Riku – île de Pâques

Le premier jour, je fus assez déçu par les sites restaurés. Les moai (statues) sont redressés et restaurés. Le ciment est bien visible, en particulier, au niveau des yeux de corail.
Les sites, en grande majorité, ont été laissés tels quels. Les innombrables sites non restaurés sont superbes. Voir les moaiabattus, brisés, disloqués, dispersés, abandonnés et face contre terre est souvent plus intéressant et plus émouvant.
Je m’attendais également à trouver un style de moai répété à l’infini. C’est tout le contraire; au gré des sites, je me rendais compte que le style avait évolué.
Les moai sont généralement situés le long de la côte et dateraient du XIème au XVème siècles. A l’origine, ils tournaient le dos à la mer et ils étaient posées sur une structure en pierre légérement pyramidale appelé ahu. Un chapeau ou chignon (pukao) de couleur rouge était posé sur certains moai. On pense que les moai étaient une représentation des ancêtres afin de les vénérer. Ils étaient abattus lors des défaites à l’issue des guerres tribales.

La carrière: Rano Raraku

Moai - Rano Raraku (île de Pâques)
Moai
Rano Raraku – île de Pâques

Mon meilleur souvenir est la carrière de moai. J’y ai campé, seul, 4 nuits. D’après certains locaux, je campais à un mauvais endroit car hanté par des esprits… Ma mauvaise rencontre fut un rat qui troua ma tente et avala ma réserve de pain. J’avais le site pour moi tout seul, les touristes étaient rares.
C’est dans cet ancien volcan que tous les moai ont été extraits et taillés. On en trouve des centaines et la plupart sont encore en phase de construction. On peut ainsi voir tous les stades de fabrication et de taille. La carrière est bordée de nombreux moai stylisés, abandonnés et dressés. Ils sont tous plus beaux les uns que les autres. Leurs yeux réduits à un seul trait, la bouche en moue, le nez imposant et les grandes oreilles les rendent assez envoûtants. J’avais du mal à les quitter du regard.

La culture de l’île

Homme-oiseau - grotte de Ana Kai Tangata (île de Pâques)
Homme-oiseau
grotte de Ana Kai Tangata – île de Pâques

L’île de Pâques regorge d’autres curiosités archéologiques. Au hasard des balades, on découvre plus ou moins difficilement des glyphes gravés dans les rochers. Ils représentent des animaux (tortue, requin, thon, …), des dieux (homme-oiseau, make-make, …) ou des formes diverses. On peut observer des peintures murales dans quelques grottes.
Hormis ceux vivant du tourisme, les habitants sont très accueillants et sympathiques. Ils aiment rencontrer les gens et discuter. Ils sont fiers de leur île et de leur culture. On y parle encore la langue ancestrale, le Rapa Nui. Ils organisent un festival, Tapati, tous les ans. Ils se replongent dans leur culture par des jeux, des lectures de poésies Rapa Nui, des concours de taille de petits moai, des commémorations des évènements clés de leur histoire, …
Ce fut un voyage en dehors du temps, et j’avais vraiment l’impression d’être au bout du monde. Je souhaitais y rester un peu plus longtemps mais les rares vols étaient pleins pour les prochaines semaines.

 

      Suite du voyage et du récit: Le nord de la Patagonie

Les fjords du Chili et l’île de Chiloé

Parque Nacional Chiloé - île de Chiloé (Chili)
Parque Nacional Chiloé
île de Chiloé – Chili

[Fjords du Chili] [Ile de Chiloé] [Parc Alerce Andino]

Fjords du Chili

Volcan Osorno - Chili
Volcan Osorno – Chili

Je revenais à temps à Puerto Natales pour prendre le bateau Puerto Eden et remonter les fjords du Chili.
Le voyage prend 3 jours pour arriver à Puerto Montt. C’était agréable mais l’ambiance et la qualité de ce voyage n’avait rien a voir avec le voyage en Antarctique. Le prix aussi était bien différent, et même assez bas. J’étais en classe économique: 2 séries de 3 lits superposés sur un espace de 2m sur 2.5m. Mon lit était coincé entre la coque du navire et des tuyaux d’eau et de climatisation. Heureusement qu’il faisait beau pour passer la plus grande partie du temps à l’extérieur. Les canaux étaient superbes, quelques baleines émergérent et des volcans enneigés occupaient l’horizon.

Ile de Chiloé

Parque Nacional Chiloé - île de Chiloé (Chili)
Parque Nacional Chiloé
île de Chiloé – Chili

J’ai ensuite passé une semaine dans l’île de Chiloé dont plusieurs jours à Castro: ville assez colorée avec de nombreuses maisons sur pilotis en bord de mer (palafitos). Son église est assez originale: extérieur en tôles ondulées aux couleurs violette et orange, intérieur en bois verni. Je fis 3 jours de trekking dans le parc de Chiloé avec les joies de la pluie et d’une tempête de sable sur une longue plage de 15 km. La récompense fut une agréable randonnée dans une forêt vierge, et oh surprise, il y a aussi des bambous au Chili (faire tant de kilomètres pour revoir des bambous !). En cherchant un beau point de vue sur la plage, je tombais sur un nid de vautours. J’entendais les petits piailler, les parents ont commencé à se rapprocher et à tourner au dessus de ma tête. Mais j’ai préféré battre en retraite pour ne déranger les poussins.

Parc Alerce Andino

Cyprès de Patagonie ou Alerce - Parque Nacional Los Alerces (Chili)
Cyprès de Patagonie ou Alerce
Parque Nacional Los Alerces – Chili

Je passais 3 jours dans la forêt vierge du parc Alerce Andino: 3 jours dans l’eau, la boue et l’humidité constante pour voir de superbes arbres Alerce (jusqu’à 4 mètres de diamètre). Heureusement, pas de méchante bestiole style serpent ou araignée mais quelques petites sangsues qui s’accrochaient bien, et plus on tire, plus elle s’allonge (mais elle reste accrochée). Seules solutions: le briquet ou le sel.
En une nuit de bus, je parcourais 1000km pour arriver à Valparaiso. C’est le port principal du Chili qui a peu d’intérêt touristique à l’exception des superbes résidences de Pablo Neruda (prix Nobel de littérature) et des nombreux funiculaires de la ville.
Enfin ce furent 4 jours à Santiago. Ce fut un peu désorientant au début de se retrouver dans une grande ville mais je retrouvais avec plaisir le cinéma et des magasins bien achalandés. J’en profitais pour préparer mon séjour à l’île de Pâques.

 

      Suite du voyage et du récit: L’île de Pâques

Le sud de la Patagonie

Trois piliers de granit - Torres del Paine (Chili)
Trois piliers de granit
Torres del Paine – Chili

[La Terre de Feu] [Torres del Paine] [Perito Moreno et Fitz Roy]

La Terre de Feu

Cap Horn - Chili
Cap Horn – Chili

La traversée du passage Drake prit moins de deux jours, et permit d’aller voir le cap Horn. Arrivé à Ushuaia, j’attendis pendant trois jours le prochain bus pour quitter la Terre de Feu. C’était bientôt l’été et pourtant, je quittais Ushuaia dans une tempête de neige. Je traversais le détroit de Magellan battu par les vents pour arriver à Punta Arenas au Chili.
Après quelques jours à Punta Arenas qui me permirent de voir des manchots de Magellan et des nandous (autruches locales), je rejoignais Puerto Natales pour me rendre enfin au parc de Torres del Paine.

Torres del Paine

Cuernos del Paine - Torres del Paine (Chili)
Cuernos del Paine
Torres del Paine – Chili

Ce furent 8 jours de trekking sans interruption. En Patagonie, les montagnes sont inhabitées: ni village ni porteur. Je partis avec toute la nourriture et la tente dans le sac à dos. Les premiers jours furent assez éprouvants. Quelques rayons de soleil apparurent pour bien voir les célèbres et vertigineux Torres del Paine. Ensuite ce ne furent que crachin et nuages cachant tous les sommets… Heureusement que les animaux et oiseaux étaient nombreux : guanacos, renards, bandurria (sorte d’ibis), et même des condors !
Je passais Noël dans une cabane de bois où je rencontrais un écossais qui devait être aussi étonné que moi de trouver présence humaine dans un tel lieu.

Perito Moreno et Fitz Roy

Paysage à proximité du Perito Moreno (Argentine)
A proximité du Perito Moreno – Argentine

Après ce fut un petit retour en Argentine dans le parc des Glaciers. Une longue journée au glacier Perito Moreno m’a permis d’écouter les effrayants craquements du glacier et d’admirer de nombreuses chutes de séracs dans l’eau… Et ce fut à nouveau 8 jours de trekking à El Chalten pour admirer sous toutes ces facettes le Fitz Roy. Je passais le Nouvel An au pied du Cerro Torre. Le temps fut très instable: il était soit exécrable (une journée entière sous la tente à cause de la pluie et de la neige) soit superbe. Le vent était permanent et si violent qu’il était parfois impossible de marcher droit !

 

      Suite du voyage et du récit: Les fjords du Chili et l’île de Chiloé

L’Antarctique et les îles Shetland du Sud

Chenal Lemaire (Péninsule Antarctique)
Chenal Lemaire (Péninsule Antarctique)

[L’île de l’Elephant] [Penguin Island & King George Island] [Un océan d’icebergs] [La fin de la croisière]

L’île de l’Elephant

Manchots Adélie - île Penguin (îles Shetland du Sud)
Manchots Adélie – île Penguin (îles Shetland du Sud)

Cette île est inhospitalière car entièrement recouverte de glaciers. Il n’y a pas une seule trace de végétation. Elle est aux portes de l’Antarctique ! Il est difficile de croire que les hommes de Shackleton y ont passé 4 mois en autarcie et en se nourrissant de phoques et de manchots. Leur bateau fut pris par les glaces, et coula. Ils dérivèrent sur des icebergs et à l’aide d’une chaloupe atteignirent cette île. Shackleton rejoignit ensuite l’île Géorgie du Sud en chaloupe pour y trouver du secours!
La météo est exceptionnelle et la mer est calme ! Avec le soleil, la température est assez douce. On débarque pour observer des colonies de manchots papous et de manchots à jugulaire affairés aux danses prénuptiales et à la préparation du nid en rassemblant des pierres. Des phoques se prélassent au soleil.

Penguin Island & King George Island

Iceberg et glacier de l’île du Roi-George île Penguin (îles Shetland du Sud)
Iceberg et glacier de l’île du Roi-George – île Penguin (îles Shetland du Sud)

Penguin Island est un volcan actif. Il est étonnant de voir ce cône rouge-brun et sans glace dans cet univers blanc avec une colonie de manchots Adélie à sa base.
Une colonie de manchots Adélie se trouve sur l’île King George. Les manchots en profitent pour glisser sur leur ventre et jouer dans la neige. Les icebergs sont pris d’assaut par ces manchots qui émergent de l’eau par un puissant saut et ainsi prennent pieds sur les blocs de glace. Une baleine à bosse fait son apparition.

Un océan d’icebergs

Iceberg au coucher de soleil - île Pleneau (Péninsule Antarctique)
Iceberg au coucher de soleil – île Pleneau (Péninsule Antarctique)

Après avoir posé pied sur le continent Antarctique, le bateau se fraie un chemin à travers les passages et les canaux. Avant de s’engager dans le passage Lemaire, un groupe d’orques aux longues nageoires dorsales pointent hors de l’eau.
Je vis un véritable instant de féerie. Le passage Lemaire fait au maximum 900 mètres de large alors qu’il est bordé de montagnes de plus de 1000m d’altitude et plongeant directement dans la mer. Il n’y a pas de vent, le soleil est bas, la lumière est rasante et la mer s’est transformée en miroir. Le bateau pousse quelques icebergs pour avancer. Ce passage débouche sur un « océan » d’icebergs. Il y en a à l’infini et une croisière en zodiaque au milieu d’eux sera un moment privilégié. On peut les toucher des doigts, on passe sous des arches de glace, la glace sous-marine prend des teintes bleues indescriptibles, et avec un coucher de soleil le ciel se couvre d’une cape orange.

La fin de la croisière

Lever de soleil - entre chenal Neumayer et chenal Lemaire (Péninsule Antarctique)
Lever de soleil (Péninsule Antarctique)

Le coucher est immédiatement suivi d’un lever de soleil où la mer et le ciel prennent des teintes roses ! La nuit fut sans obscurité.
La prochaine destination est l’île de la Déception. C’est une île volcanique effondrée (caldeira) dont les fréquentes éruptions l’ont vidé des bases scientifiques. Elle porte bien son nom car la cendre noire l’a rend bien triste. La vie y est rare: quelques manchots égarés et du krill cuit par la chaleur des sources thermales.
Et c’est la dernière étape avant de rejoindre le continent américain.

 

      Suite du voyage et du récit: Le sud de la Patagonie

L’île Géorgie du Sud

Manchots royaux - Salisbury Plain (île Géorgie du Sud)
Manchots royaux – Salisbury Plain (île Géorgie du Sud)

[Grytviken] [Rosita Harbor] [Salisbury Plain] [Gold Harbour puis vers l’Antarctique]

Grytviken

Os de baleine - Grytviken (île Géorgie du Sud)
Os de baleine – Grytviken (île Géorgie du Sud)

Il fallut 3 jours de navigation, agrémenté par un premier immense iceberg tabulaire et par les Shag Rocks (trois aiguilles rocheuses en plein océan), pour arriver à l’île Géorgie du Sud. Elle appartient à la Grande Bretagne et fut également occupée par les argentins lors du conflit en 1982. Elle est inhabitée par l’homme et recouverte de glaciers.
L’île accueillait de grandes populations d’éléphants de mer, d’otaries et les baleines aimaient nager au large. Les baleiniers vinrent y construire des stations. Mais les réserves s’épuisèrent et l’industrie de la graisse devint peu rentable. En 1965, les hommes quittèrent les lieux et l’île revint au calme initial.
L’une de ces stations, Grytviken, fait office de « capitale fantôme ». Elle est maintenant occupée par les bruyants et gargantuesques éléphants de mer à l’imposante protubérance nasale. Ils se confondent facilement dans le paysage de ruines, et sans faire attention, on marcherait facilement dessus. On y trouve aussi la tombe de l’explorateur Shackleton. Sur le rivage, quelques os traînent. Ils sont les restes des 165.000 baleines et des 500.000 phoques dépecés sur l’île.

 

Rosita Harbor

Otarie à fourrure ‘albinos’ - Rosita Harbour (île Géorgie du Sud)
Otarie à fourrure ‘albinos’ – Rosita Harbour (île Géorgie du Sud)

Le lendemain, ce fut une sortie matinale en zodiaque pour observer les otaries à fourrure. Elles sont d’un tempérament très agressif et sont en grand nombre sur les rives. Il est impossible d’y débarquer. Les mâles vivent en harem et gare à celui qui tente de s’approcher. Les combats y sont violents et sanglants: ils essaient de se mordre au niveau des nageoires, là où la couche de graisse est la plus fine. Quelques bébés à peine nés étaient protégés par leur mère de ces luttes.

 

 

Salisbury Plain

Manchot royal - Gold Harbour (île Géorgie du Sud)
Manchot royal – Gold Harbour (île Géorgie du Sud)

Mais le grand spectacle viendra de Salisbury Plain. Cette plaine glaciaire entourée de hautes montagnes accueille plus de 250.000 manchots royaux. D’une taille respectable (95 cm), ils sont superbes avec leur plumage « en queue de pie » et une tache en dégradé orange au niveau du cou. Une telle concentration de manchots est impressionnant de par l’activité, les piaillements et la forte odeur d’oiseau. Au milieu, on y voit des manchots en forme de « kiwi brun »… Ce sont en fait les poussins manchots.

Gold Harbour puis vers l’Antarctique

Bateau dans le floe (banquise de mer) - Mer de Scotia
Bateau dans le floe – Mer de Scotia

Pour la dernière journèe dans cette île, ce fut d’abord Gold Harbour avec une colonie de manchots royaux et de nombreux éléphants de mer. L’instant magique sera quand, assis par terre, un groupe de manchots s’approchera de moi en dandinant puis en pointant leur bec à moins d’un demi-métre de mon ventre…
Dans l’après-midi, c’était une colonie de gorfous macaronis puis le fjord Drygalski aux glaciers littéralement accrochés aux montagnes surplombant la mer.
Il faudra deux jours de navigation pour atteindre l’Antarctique. La mer est recouverte de glace et d’icebergs. Le navire s’y fraiera un chemin. Terrain propice aux baleines car j’en verrai une douzaine !

 

      Suite du voyage et du récit: L’Antarctique et les îles Shetland du Sud

Les îles Malouines

Fleurs d’ajonc - île Carcass (Malouines)
Fleurs d’ajonc – île Carcass

[Le Professor Molchanov] [New Island & Westpoint Island] [Carcass Island & Steeple Jason Island]

Le Professor Molchanov

Professor Molchanov
Professor Molchanov

Après le parc Tierra del Fuego, je revenais à Ushuaia pour embarquer sur le Professor Molchanov. J’allais passer 18 jours sur ce bateau (russe) pour découvrir les îles Malouines, l’île Géorgie du Sud et la péninsule de l’Antarctique.
Après une journée de mer et un redoutable mal de mer, j’arrivais aux îles Malouines. Seule la partie ouest fut visitée. Cette partie n’est que très peu peuplée d’où une abondance de vie sauvage. La capitale Stanley est à l’est. Il est à noter que ces îles sont encore fortement revendiquées par l’Argentine !

New Island & Westpoint Island

Gorfou sauteur - New Island (Malouines)
Gorfou sauteur – New Island

Les débarquements suivants étaient sur les îles New Island et Westpoint Island. Au sommet des falaises, des colonies de gorfous sauteurs, d’albatros à sourcil noir et de cormorans à oeil bleu cohabitent sur le même emplacement. Comme tous les oiseaux marins, ils ne reviennent à terre que pour se reproduire, couver leurs oeufs et s’occuper de leurs poussins !
Les gorfous sauteurs ne sont pas très grands (maximum 58 cm) mais ils font preuve d’une grande détermination face aux autres oiseaux pour maintenir leur territoire. Ils sont adorables avec leurs yeux rouges, les sourcils , l’aigrette jaune et les plumes noires « coiffées en brosse ». Le plus impressionnant est de les voir grimper les falaises par petits sauts successifs.
Le retour au bateau, en zodiaque, fut accompagné de plusieurs dauphins…

Carcass Island & Steeple Jason Island

Albatros à sourcils noirs - New Island (Malouines)
Albatros à sourcils noirs – New Island

Le lendemain matin, ce fut Carcass Island. L’île est occupée par deux autres espèces de manchots. Les manchots de Magellan vivent dans des terriers et sont très craintifs en y disparaissant rapidement. Quelques poussins des manchots papous avaient déjà éclos.
Mais la vraie magie du jour viendra de Steeple Jason Island. Cette île est inhabitée et entièrement recouverte par des oiseaux. En forme de huit, elle accueille d’un côté des pétrels géants et de l’autre des albatros.
La colonie est composée de 300.000 albatros à sourcil noir ! Des albatros, il y en a partout: la mer en est couverte, le ciel en est rempli, et sur l’île on en voit à l’infini. L’environnement est tout aussi superbe: la mer était d’un bleu profond, le sol composé de géantes touffes d’herbes (tussocks) et de mousses rouges.

 

      Suite du voyage et du récit: L’île Géorgie du Sud

Ushuaia et la Terre de Feu

Parc national Tierra del Fuego
Parc national Tierra del Fuego

[Le trajet Tokyo – Ushuaia] [La ville d’Ushuaia] [Le parc national Tierra del Fuego]

Le trajet Tokyo – Ushuaia

Ville d'Ushuaia
Ville d’Ushuaia

Parti du Japon, j’arrivais épuisé à Ushuaia après 25 heures et demie d’avion (Tokyo – Seattle – Miami – Buenos Aires – Ushuaia) et 12 heures de décalage horaire.
Le trajet ne fut pas de tout repos. On me refusa d’abord l’accès à l’avion à Tokyo sous prétexte que je n’avais qu’un aller simple. Après négociation, j’ai pu enfin y prendre place.
Puis je fus l’objet de toutes les attentions à la douane américaine de Seattle où on m’a isolé pour laisser travailler le chien, puis fouille méthodique du sac à dos.
Et enfin, à Miami, j’ai stupidement raté l’avion. Je me suis assoupi dans la salle d’embarcation devant la passerelle…
Je ne restais que quelques heures à Buenos Aires pour la correspondance.
J’étais content d’arriver à Ushuaia. Le voyage commençait enfin et j’attendais ce moment depuis plusieurs mois ! Le rêve devenait réalité et l’aventure démarrait.

La ville d’Ushuaia

Bateau échoué (Ushuaia - Argentine)
Bateau échoué
Ushuaia – Argentine

Ushuaia est située au bord du canal de Beagle sur l’île de Terre de Feu, à l’extrême sud du continent américain.
Même s’il n’y a pas grand chose à voir et à faire, Ushuaia est devenue une ville touristique, sans grande âme. Son succès vient de sa position la plus australe au monde, comme on dit localement « El fin del mundo ». Pour anecdote, le village de Puerto Williams (Chili) sur la rive opposée est encore plus au sud que Ushuaia.
Les seules occupations se résument à deux musées dont l’un occupe l’ancien bagne. On y retrace l’histoire de la ville et surtout le massacre des civilisations indiennes aujourd’hui disparues (Selknam, Yahgans, Alacalufes).
La vie locale est rythmée par les croisières luxueuses venant faire escale et déposer son flot de touristes avides de souvenirs.

Le parc national Tierra del Fuego

Canal de Beagle
Canal de Beagle

Il me restait plus d’une semaine avant le départ pour l’Antarctique et je préférais fuir cette ville (chère) en me réfugiant dans le parc de Tierra del Fuego.
Je pouvais enfin utiliser ma tente. Mais, malgré la fin du printemps et les longues journées ensoleillées, les nuits (dans le sac de couchage) étaient glaciales.
Je passais mes journées à me balader dans les superbes forêts primaires, les montagnes et en bord de mer. Quel contraste avec le Japon ! La semaine au milieu des pics-verts, des faucons, des renards et des castors passa très vite.

 

      Suite du voyage et du récit: Les îles Malouines