[Puerto Villaroel] [La vie à bord du Don German] [La rivière Mamoré]
Puerto Villaroel
Je souhaitais découvrir le bassin amazonien depuis une rivière. Après une rapide journée à Cochabamba, j’arrivais au petit port fluvial de Puerto Villaroel dans le Chapare (zone de culture de la feuille de coca).
Dans le port, j’allais voir les bateaux un par un pour demander une place au capitaine. Le départ le plus proche était fixé au surlendemain pour descendre la rivière Mamoré (affluent de l’Amazone)
A 150 bolivianos (environ 22 euros) les 8 jours comprenant le transport, le logement et la pension complète, je ne m’attendais pas au grand luxe.
Le Don German était un petit et vieux rafiot en bois à fond plat avec 5 chalands destinés aux marchandises. J’étais l’unique passager (et touriste). Ce fut une expérience inoubliable où j’ai vécu au rythme bolivien parmi les sympathiques mais peu bavards marins.
La vie à bord du Don German
Toute la vie tournait autour de la rivière: on s’y lave, on y fait sa lessive, on boit de son eau, on y pêche et elle sert même de poubelle pour les boliviens. Je fus surpris de voir que l’eau de consommation était prélevée au même niveau que les évacuations des WC et du moteur.
J’y ai découvert les 1001 façons de cuisiner la banane, le manioc, le riz et la viande de bœuf séchée (amas de nerfs, de tendons et de gras séché par le soleil à l’air libre et apprécié par les mouches). Par bonheur, la pêche fut miraculeuse pour améliorer le quotidien. Je n’ai pas eu un seul problème intestinal. Comme quoi la nourriture était saine !?
La chance était avec moi. Le bateau transportait des bidons d’alcool à 96 degrés (pour en faire un lit) et des matelas (pour dormir dessus). On m’a même prêté une moustiquaire. Bref, j’avais un petit coin tranquille … à 3 mètres du moteur. Chaque matin, je me levais avec le soleil … réveillé par le bruit du moteur et par ses gaz d’échappements. Comme le niveau de la rivière était assez bas (on a même touché le fond), il n’y avait pas de navigation la nuit ! Ouf !
La rivière Mamoré
La rivière étant peu large et peu habitée, la vie sauvage y est abondante et bien visible. Je passais les journées à l’avant du bateau, les pieds au-dessus de l’eau, à observer les nombreux dauphins roses, les caïmans, les tortues, les capibaras (gros rongeurs) et les innombrables oiseaux (aras, perroquets, toucans, aigles, ibis, hérons, cormorans, martins-pêcheurs, …).
Le bateau effectuait quelques haltes dans les villages indiens pour charger les bananes ou pour livrer du matériel. J’étais toujours surpris de voir que ces villages conservaient leur style de vie ancestral (cuisine au feu de bois, maisons sur pilotis, en bois, et sans mur) tout en s’imprégnant de la modernité (vêtements, groupes électrogènes, TV-satellite, école). Ils vivent de la banane ou de l’exploitation du bois (déforestation à la tronçonneuse et au feu).
Après 8 jours de bateau, j’atteignais Trinidad pour rapidement me rendre à Rurrenabaque.
⇒ Suite du voyage et du récit: Rurrenabaque (Amazonie)